[Mise en Scène] - Les Plans

Voici encore un outil de mise en scène qui vous permet de faire passer des informations que vous n'aurez pas à dessiner mais qui sont décrites dans le scénario, c'est en décidant du plan que vous adopterez qu'elles seront suggérée au lecteur. Avec le format de case et le point de vue, ce dernier outil complète la sainte trinité de la base de la mise en scène en BD. Mais attention ! Ils ne constituent vraiment QUE la base, il y a bien d'autres astuces qui viendront compléter votre arsenal narratif. Pour faire simple, nous allons voir tous les plans que vous pourrez choisir en fonction de tel ou tel évènement dans votre histoire et basiquement, c'est une histoire de zoom... Vous comprendrez ce que je veux dire arrivé à la fin de cet article.

Issue de Flickr (Licence CC)

Le plan général comme son nom l'indique reste général quand à ce qu'il montre. C'est à dire qu'il n'y a pas de sujet précis. Il est là pour la plupart du temps présenter l'endroit où l'histoire va se passer. Ici c'est visiblement une salle de concert mais ça pourrait être la canopée de la forêt vierge, la flotte spatiale complète au milieu de l'espace etc. Ca vous permet de situer au lecteur où va se dérouler l'action (ou tout au moins où elle va commencer). C'est le plan roi pour les décors et même si votre sujet (votre personnage, votre véhicule, votre bâtiment etc.) s'y trouve, on ne peut pas l'identifier car l'accent n'est pas mis dessus, il est noyé dedans.

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Le plan d'ensemble permet de présenter ou de focaliser sur un élément sans vraiment mettre l'accent dessus. On resserre un peu sur lui, mais le décor a encore une grande place dans le dessin. Au niveau de la mise en scène cela permet de planter le sujet dans le décor qu'on aura présenté précédemment dans un plan général. On sait qu'il va être question de quelque chose dans cette partie du décor, mais encore une fois le lecteur ne pourra pas identifier avec certitude vers ce quoi on tend, même si on lui a réduit l'éventail des possibilités. Ce plan sert donc soit à présenter un sujet dans le décor, soit à relocaliser le dit sujet (quand celui-ci est connu) au sein de la mise en scène, il sert à mettre en relation le sujet avec le décor qui l'entoure.

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Ici le doute n'est plus permis, on se focalise bien sur le sujet. Pour un personnage on le voit en pied et c'est bien à lui qu'on s'intéresse. Le décor prend moins d'importance que dans les plans précédents. Avec ce plan on peut commencer à faire adopter un "jeu de scène" au personnage essentiellement par les poses et les attitudes qu'il prendra, on peut faire parler son corps. Si vous devez mettre en scène une bagarre et que le personnage est amené à se servir de ses jambes c'est ce genre de plan que vous serez amené à utiliser, idem pour le faire courir. Pour un décor, on met l'accent sur un élément en particulier de celui-ci, une maison, l'entrée d'un bar etc... Bref ! Avec ce plan on se rapproche de l'action.

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Avant toute chose, un peu d'histoire. Pourquoi le plan américain s'appelle-t-il comme ça ? Eh bien à la grande époque des westerns, ce plan n'existait pas, on passait du plan moyen au plan rapproché dans la grammaire cinématographique. Et comme le cow-boy était un personnage particulier puisque tout son charisme passait par sa dextérité et sa rapidité au révolver, en plan moyen l'accent n'était pas suffisamment mis sur ses mains et ses colts et en plan rapproché, bah on ne voyait plus ni les uns ni les autres. Si je ne dis pas de bêtises, c'est Sergio Leone qui a eu l'idée de cadrer ses cow-boys en les coupant aux genoux ou à mi cuisse afin qu'on puisse en même temps voir l'expression de l'acteur mais aussi ses mains prêtes à dégainer. Ce plan a tellement bien fonctionné qu'il est devenu un classique dans la grammaire cinématographique et on le croise maintenant dans quasiment tous les films et on n'a plus beaucoup de westerns, n'est-ce pas ?

Après cette petite leçon d'histoire, vous aurez compris que le plan américain est intéressant dans le sens ou on peut voir l'expression du visage du personnage mais aussi voir ce qu'il fait de ses mains, ça permet d'enrichir son jeu de scène et aussi de dynamiser les images. Ainsi dans une scène de bagarre on peut passer par le plan américain pour focaliser sur l'action des bras (un bon gros pain aura plus d'impact ici qu'en plan rapproché par exemple). Il permet de laisser du champs au décor ou à l'environnement sans pour autant être trop loin de l'action.

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On se rapproche encore du sujet et donc on focalise vraiment sur ce dernier. Dans le cas d'un personnage on voit clairement son visage et on peut donc y faire passer des expressions. Ce plan sert donc à focaliser sur les remous intérieur des personnages, s'ils sont en colére, morts de rire, ça aura plus d'impact avec ce genre de plan. Il n'y a pas que l'action dans la vie ! C'est d'ailleurs avec ce genre de plan que vous rapprocherez le lecteur du personnage (du héros par exemple), si une fille est ravagée par la tristesse et pleure à chaudes larmes, le lecteur sera davantage triste pour elle que si vous faites cette même fille en pleurs en plan moyen. On appelle ça l'empathie, plus on est proche "physiquement" du personnage, plus on va comprendre et partager ses émotions.

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Le gros plan permet de focaliser l'attention du lecteur sur un élément en particulier. Un amoureux transi déclare sa flamme à la belle et lui offre une bague, on fera un gros plan sur la bague pour marquer le coup. On est tous pareil, on se demande à quoi peut ressembler la bague, alors il faut la montrer. Ca peut être le flingue caché dans la ceinture du traitre qui surprend le héros etc. Pour les personnages on arrive on se sert du gros plan pour entièrement focaliser l'attention du lecteur sur les émotions qui passent sur le visage. On s'en sert également pour marquer le paroxysme d'une émotion qui est montée lors des cases précédentes. Si un personnage s'est contenu pendant plusieurs cases on aura zoomé progressivement sur lui jusqu'au gros plan où il explose. Bref ! Le gros plan sert essentiellement à réellement focaliser toute l'attention du lecteur sur quelquechose, autant vous dire que le décor est totalement absent ou de l'ordre de l'anecdote dans ce genre de case.

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Le très gros plan sert à montrer un détail en particulier (qui a son importance dans la narration, hein, évidemment), le méchant attend le héros à un coin de rue planqué derrière le mur, le héros approche et le méchant arme le chien de son révolver ; On fera un très gros plan sur le doigt armant le chien du révolver car en plus de ça ça fait du bruit (bruit qui donnera la puce à l'oreille du héros etc...). Le très gros plan sert dans la narration graphique généralement à allonger le déroulement de l'action et par conséquent à ralentir le temps.
Pour un personnage on focalisera là aussi sur un détail, le doigts qui tapote sur le bureau pour mettre l'accent sur sa nervosité. Ou encore un très gros plan sur ses yeux pour rendre une émotion intense (généralement la colère ou la tristesse).

Comme vous avez pu le constater, les plans vous donnent encore beaucoup de possibilités pour induire beaucoup d'éléments dans votre mise en scène. Il y a trois grandes familles de plans si on peut dire, les plans de localisation (Le plan général, le plan d'ensemble), les plans d'action (Le plan moyen, le plan américain) et les plans d'émotions (Le plan rapproché, le gros plan et le très gros plan). Ce ne sont bien sûr que des généralités et vous verrez qu'à l'usure vous choisirez vos plans en fonction de l'effet de mise en scène que vous souhaiterez faire. Les règles ne sont là que pour être enfreintes à condition de le faire avec maîtrise ^^. J'espère que cette première série de tutos sur la mise en scène vous aideront à comprendre cet art subtil.